//LE GOUVERNEMENT TURC DÉCLARE LA GUERRE À LA LIBERTÉ !

LE GOUVERNEMENT TURC DÉCLARE LA GUERRE À LA LIBERTÉ !

La FRA Nor Seround exprime sa vive préoccupation face à la recrudescence des arrestations politiques en Turquie.

Si l’Etat turc a été montré du doigt à de nombreuses reprises pour le traitement qu’il inflige aux voix dissonantes de son pays, les dernières vagues de répression sont sans précédent ces dix dernières années. Depuis quelques mois, ce sont par centaines que les Kurdes, qui forment la plus grande minorité du pays, sont arrêtés et incarcérés sur la base de la loi antiterroriste n°3713. Selon les organisations de défense des droits de l’Homme en Turquie, il y a plus de 6400 militants ou simples citoyens d’origine Kurde qui ont été arrêtés par les forces de police. La dernière opération, intervenue le 13 février 2012, dans 16 villes différentes de Turquie, s’est soldée par l’arrestation de 190 personnes dans les milieux politiques et syndicaux kurdes.

Si les membres de la minorité kurde font l’objet d’une pression particulière depuis la période qui a précédé les élections législatives de l’été 2011, ce sont tous les sujets jugés sensibles par l’Etat qui sont réglés par des arrestations massives. Ainsi, les manifestations étudiantes sont durement réprimées par le pouvoir. On dénombre environ 500 étudiants actuellement emprisonnés en Turquie. Avec ce regain d’autoritarisme, le gouvernement Erdogan met à mal toutes les libertés, à tel point que dans son classement mondial de la liberté de la presse 2011-2012, l’organisation non gouvernementale Reporter Sans Frontière, parle de « rafles de journalistes d’une ampleur inédite depuis le régime militaire ». Dans ce classement, la Turquie perd 10 places et rejoint la 148ème position (derrière des pays comme la Colombie, la République Démocratique du Congo et juste avant le Mexique et l’Afghanistan).


Paris, le 27 février 2012
Il y a plus de 70 journalistes dans les prisons turques et 30 distributeurs de presse, les blogueurs quant à eux, font l’objet d’un véritable harcèlement par la justice. Les écrivains ne sont pas en reste dans cet acharnement contre les libertés ; selon le dernier rapport de l’organisation de défense des écrivains, PEN International, une trentaine d’entre eux seraient emprisonnés en Turquie, sans compter les 70 autres qui sont en attente d’être jugés.


L’un des cas les plus emblématiques est celui de l’éditeur Ragip Zarakolu qui, par le combat de sa vie, a tenté d’éclairer la société turque sur les principales zones d’ombre de l’histoire moderne de la Turquie. Ce militant contre le négationnisme de l’Etat turc concernant le génocide des Arméniens, ce progressiste fondateur de l’association turque des droits de l’Homme qui édite des ouvrages sur la question kurde et sur le génocide de 1915, a été arrêté le 28 octobre 2011 et est aujourd’hui en détention dans une prison de haute sécurité. Comme son fils Deniz, mais également comme les 70 journalistes, les 500 étudiants, la centaine d’écrivains, les milliers de Kurdes, les 40 syndicalistes, les 38 avocats, le professeur Bursa Ersanli, les 18 maires ainsi que les 8 députés qui sont en prison en Turquie, Ragip Zarakolu a été arrêté sur la base d’un usage abusif de lois antiterroristes. Les « preuves » saisies lors de la perquisition à son domicile sont notamment des ouvrages sur l’extermination des Arméniens.
Entre le 1er et le 13 février, 405 personnes ont été placées en garde à vue pour des motifs politiques. Cela ramène à 1292 le nombre de personnes arrêtées pour appartenance présumée à des organisations terroristes depuis le début de l’année 2012, soit une moyenne d’environ 29 arrestations par jour. En déclarant une véritable guerre contre la liberté sur son territoire, le gouvernement turc actuel a résolument renoué avec l’habitus autoritaire qui sévit en Turquie depuis des décennies.


C’est notre famille des militants de la cause arménienne, des défenseurs des peuples et de la liberté qui est en danger par le pouvoir autoritaire d’Ankara. Il est donc du devoir de chaque humaniste, de soutenir ceux qui sont emprisonnés pour avoir usé de droits qui, dans nos démocraties sont considérés comme des acquis fondamentaux. Les jeunes militants de la cause arménienne de France, lancent un appel à la solidarité avec ceux qui en Turquie, se battent au péril de leur vie et de la sécurité de leur famille, afin de faire triompher les valeurs de justice et de liberté.
« Libérez Ragip et tous les prisonniers d’opinion ! 

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