//Lettre ouverte à M. Manuel Valls, Premier ministre du gouvernement français
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Lettre ouverte à M. Manuel Valls, Premier ministre du gouvernement français

Monsieur le Premier ministre,

Le jeudi 21 janvier 2016, suite à votre rencontre avec le premier ministre turc Ahmet Davutoglu, vous avez annoncé sur les réseaux sociaux votre stratégie pour lutter contre le terrorisme : « Un Partenariat franco-turc renforcé ».  Les jeunes de l’association FRA Nor Seround, (jeunesse du Parti socialiste arménien FRA), ont appris cette déclaration avec beaucoup d’incompréhension, d’inquiétude et de consternation.

La question qui vient tout de suite à l’esprit est la suivante : Comment lutter contre le terrorisme en collaborant avec un pays qui se fait le complice des terroristes ?

Nous craignons, Monsieur le Premier ministre, que votre gouvernement fasse fausse route en tombant dans le piège turc, qui ne pratique même plus sa politique habituelle de deux poids deux mesures, et qui n’hésite pas à rendre public sa coopération avec Daech.

Avez-vous oublié la déclaration maladroite mais ô combien honteuse du même Davutoglu au lendemain de sa nomination au poste de premier ministre de la Turquie en affirmant : « Daech n’est pas une organisation terroriste mais seulement un groupe de jeunes en colère » ?  (08/08/2015)

Avez-vous oublié l’abattement lâche de l’avion russe qui se dirigeait vers la Syrie pour bombarder nos ennemis, un acte soigneusement complété plus tard par le refus de présenter des excuses publiques ? (24/11/2015)

Vous n’êtes pas non plus sans savoir que le président de la Turquie R.T. Erdogan entretient des relations scandaleuses avec les dirigeants de Daech. Tout d’abord, son fils Bilal trafique au marché noir le pétrole des terres contrôlées par l’E.I. pour un cinquième du prix du marché (20/11/2015). Ensuite, sa fille Sümeyye envoie de l’aide médicale aux blessés de Daech en supervisant un hôpital spécialement mis à leur disposition à Sanliurfa (frontière turco-syrienne) (15/07/2015).

Egalement, vous vous doutez de l’énorme probabilité que représente la passivité (au mieux) ou la complicité (au pire) de l’état turc dans les attentats commis contre des pacifistes kurdes à Suruç, Diyarbakir et  Ankara, à des fins politiques et électoralistes, alors que ces derniers combattent avec acharnement les terroristes de Daech. Un peuple qui d’ailleurs, perd jour après jour ses intellectuels comme Tahir Elçi, dans des massacres anti-kurdes organisées de la meilleure des manières en pleine guerre, en respect total à la tradition ottomane de 1915.

Monsieur le Premier ministre, nous savons que vous êtes particulièrement touchés par les attaques terroristes qui ont eu lieu sur le sol français en 2015, d’autant plus qu’elles surviennent dans un mandat gouvernemental sous vos ordres. Nous avons ensemble vécu le recueillement exceptionnel et les minutes de silence partout dans le monde. Cependant, le choc a été immense lorsque le monde a découvert les images intolérables des supporteurs turcs déshonorant la mémoire des victimes du 13 novembre, en sifflant la minute de silence au début du match de football entre la Turquie et la Grèce (17/11/2015).  Après cet événement, nous nous attendions à une réaction vive et une condamnation ferme de la part de l’Etat turc. Il n’en était rien… Une indifférence inacceptable !

Monsieur le Premier ministre, la Turquie n’a pas encore changé, la démocratisation du pays est au point mort. Pire! Le soutien du terrorisme est désormais public, laissant les portes de la Syrie grand ouvertes aux jeunes européens recrutés pour faire le Djihad, et ne fermant pas celles de l’Europe à ceux qui veulent frapper au cœur la démocratie et le berceau des égalités.

Comment l’Europe et la France peuvent-elles faire confiance à un régime dirigé par un président qui cite, pas plus tard que la semaine dernière, l’Allemagne nazie de Hitler comme un exemple de gouvernance? Comment peut-on collaborer avec un  gouvernement négationniste de 100 ans, héritier des ottomans génocidaires, et refusant toute justice dans la résolution de la question du génocide des arméniens ?

Mercredi dernier (20/01/2016), Kessab, dernier vilayet Arménien du Royaume de Cilicie où vivent plus de 5000 arméniens, a été une nouvelle fois frappé par des missiles provenant de Turquie. La vidéo a été diffusée sur le Net par les terroristes eux-mêmes. Comment des terroristes peuvent-ils mener des attaques de rockets à la frontière turco-syrienne sans que l’Etat Turc ne s’aperçoive de rien, alors qu’il ne leur a fallu que de quelques minutes pour abattre un avion russe ?

Monsieur le Premier ministre, il y a dans ce village des proches et des amis mais également une histoire arménienne pluriséculaire, mêlée à la terre, qui fait partie intégrante de l’identité arménienne. Les Arméniens ne sont pas dupes. Nous connaissons très bien les agissements de cet Etat qui profite de la bienveillance de ses alliés pour continuer à persécuter notre peuple. Nous comprenons que la France ait des intérêts à renforcer mais doit-elle pour autant fermer les yeux sur un Etat qui opprime les minorités de la région et qui se fait le complice des attaques terroristes ?

La FRA Nor Seround, qui non seulement représente ici les jeunes français d’origine arménienne, mais également la jeunesse française, exige de votre gouvernement, via votre respectable personne, de ne pas saper les valeurs sacrées de la république qui font la grandeur de notre pays la France, et de remettre immédiatement en question vos relations diplomatiques avec un pays qui se veut démocratique mais qui est loin de l’être, en soutenant les terroristes, en massacrant les Kurdes, en opprimant les minorités de la région, en tuant ses progressistes et en refusant de réparer le Génocide de 1915.

Collaborer avec le mal, c’est devenir son complice.

FRA Nor Seround

26/01/2016

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